Changement de décors ( PV Jinha )

Une petite silhouette alezane et du vent ça donne quoi ? Ca donne la sensation de s’envoler. Ca donne la sensation d’être le roi du monde et de galoper dans un pays entièrement composé de brise, de rafale et de tornade. Ca donne un incroyable sentiment de liberté et de puissance. On croirait presque que le roulement produit par ses sabots peut devenir un roulement de tonnerre, qu’on jongle avec les éclairs et que notre colère s’abat sur le monde en contrebas. Il faut avouer que le plateau désert, un peu en contre haut de la vallée qui s’étalait paresseusement à ses pieds, pouvait faire perdre quelque peu la tête. Propice aux grandes galopades, le puissant vent qui fouettait l’herbe aujourd’hui semblait avoir tourné la tête de l’étalon alezan qui ne pouvait s’empêcher de galoper d’un bout à l’autre du plateau. Suivant les rafales de vent qui tantôt le poussait par derrière, tantôt tenter vainement de le freiner, Sparkled Grungy se sentait entier et libre. Le vent sifflait dans ses oreilles, annihilant tout les autres bruits qu’il aurait pu rencontrer sur sa route. Seul restait présent à ses oreilles le roulement de tambour que produisait ses sabots contre le sol sec et l’herbe rase du plateau. L’étendue aride semblait faite pour la course et le soleil qui brillait haut dans le ciel semblait l’enjoindre à galoper. Car en galopant, il sentait le vent le rafraîchir et refroidir tout son grand corps qui bouillonnait d’une nouvelle énergie. Et si parfois l’étalon alezan avait soif, il n’avait qu’à s’arrêter et boire à la source claire et pure qui jaillissait entre quelques pierres. Très sincèrement, il aurait pu s’arrêter, poser son bagage ici et vivre là. Ce petit plateau lui suffisait amplement malgré l’herbe qui certes verte, était rase et le peu de chevaux qui venaient jusqu’ici. Au moins ici, il avait l’impression d’avoir son domaine et il aimait ça. Sparkled Grungy, chef du Plateau Désert. Ca sonne bien quand même non ?

Tout à ses pensées auto-congratulantes pour une fois, il ne vit pas qu’il s’était dirigé vers un petit bosquet d’arbre éparse ( à peine trois ou quatre ) qui semblaient rachitiques et qui ne dispensaient qu’une très maigre ombre. Rien de bien suffisant pour se soustraire totalement aux rayons du soleil mais suffisant pour se reposer quelques instants. Ayant tout de même le poil du dos, de ses flancs et de l’encolure humide de sueur après avoir couru a tombeau ouvert pendant de longues minutes, le jeune étalon alezan releva la tête pour chercher du regard un endroit propice à une petite séance de roulage. Il trouva rapidement une étendue d’herbe qui semblait moelleuse à souhait. S’y rendant, il ploya rapidement les genoux pour se retrouver bientôt sur le dos, les quatre fers en l’air. Profitant et savourant au maximum de la caresse de l’herbe verte. Frémissant lorsqu’il passait sur certain points sensible comme le creux des reins ou le garrot, il ferma les yeux et resta quelques secondes allongé de tout son long, a inspirer à fond l’air pur. Mais cet instant de détente ne dura guère et l’étalon alezan se retrouva vite sur ses quatre pieds, debout, à regarder autour de lui, alerte et vif. Sa fine tête racée dressée haute et fière, il posa un regard doux et calme sur ce qu’il considérait comme son « royaume ». Retenant à peine un sourire à cette pensée, il fit posément le tour du plateau, d’un pas mesuré et tranquille. Il n’était pas fou, il savait bien que ce plateau ne serait jamais sien vraiment. Mais dans son cœur s’il puis dire, ce petit bout de terre était ce qui pouvait le plus s’apparenter à un chez lui. Sécurisant et calme, suffisamment grande pour de belles galopades, avec eau et nourriture à volonté, non décidément, c’était un bel endroit. Arrivant à un bout de l’étendue, il s’étira vers le haut, tendant son encolure à la verticale et fermant à moitié les yeux pour offrir son visage aux caresses du vent. Il était heureux. Après tout, il suffit de tellement peu de choses.